La saisonnalité de la chaux

Rédigé le 7 novembre 2023 | Catégorie(s) : Actualités

La chaux est un matériau utilisé depuis des milliers d’années dans la construction. Les ressources permettant de construire les plus anciens bâtiments sur lesquels la chaux était employée, étaient puisées directement au local. La chaux dépendait donc de la nature du sol et les enduits pouvaient être plus ou moins de bonne qualité. Aujourd’hui, l’industrialisation de la chaux permet d’obtenir des enduits performants et défiant l’utilisation du ciment.

Pourquoi la chaux plutôt que le ciment ?

Le ciment a remplacé la chaux dans les années 40, en concomitance avec le béton qui a, lui aussi, connu un très grand essor. La raison de ce changement fût les besoins pressants de reconstruire des bâtiments après la guerre et de faire face à l’augmentation de la population (le fameux babyboom). Seulement voilà, le béton et le ciment sont totalement imperméables à l’eau.

Sur le bâti ancien, les murs généralement en pierre reçoivent beaucoup d’humidité. On parle de remontée capillaire lorsque cette humidité s’évapore des sols en passant par les murs. Si les murs sont recouverts d’enduit ciment, alors l’eau reste bloquée dans le mur, au risque de le fragiliser jusqu’à la fissure voire l’effondrement. C’est ce qui a été observé dernièrement dans le Maine et Loire :

Les maisons sont implantées sur un sol argileux qui se gorge d’eau l’hiver et se rétracte l’été accompagné d’une évaporation massive de l’eau du sol en période de sécheresse. Ces habitations construites avec du béton et du ciment sont, certes, très solides mais elles ne laissent pas s’évacuer l’humidité. L’intérieur du mur se dégrade alors lors de la sécheresse, l’enveloppe du bâtiment se brise avec les mouvements du sols qui se rétracte et finalement, les murs porteurs tombent.

fissures dans les murs Maine et Loire

La chaux quant à elle permet de faire des enduits microporeux, autrement dit, ces enduits contiennent des pores de très petites taille. L’eau sous forme de vapeur peut ainsi circuler jusqu’à être évacuée à l’extérieur des murs par capillarité. On évite ainsi la moisissure et les fissures des murs.

La chaux a diverses utilisations dans la construction :

  • Enduits de finitions, badigeons, stucs
  • Mortiers
  • Corps d’enduit
  • Enduits correcteurs thermiques
  • Rejointoiement de murs en pierre

Sur une construction déjà perspirante, elle vient compléter la structure pour améliorer le confort thermique, rendre l’enveloppe imperméable à la pluie et au vent (car perspirance et imperméabilité aux intempéries ne sont pas incompatibles) et apporte une touche de déco naturelle à votre maison.

Un matériau est perspirant lorsqu’il laisse passer la vapeur d’eau. On dit qu’il est ouvert à la vapeur d’eau. Pour autant, l’eau à l’état liquide ne passe pas. Ainsi, la vapeur d’eau ne stagne pas dans les murs et ne condensera pas à l’intérieur du complexe mur-isolation.

Vous l’aurez deviné, on ne construit pas un bâtiment entier simplement avec de la chaux, mais on peut créer un ensemble cohérent en utilisant des blocs de chanvre, une ossature bois, des murs en pierre… Bref, des matériaux sains pour les habitants et respectueux de l’environnement.

La saisonnalité de la chaux

La chaux hydraulique qui sert pour faire des corps d’enduits, des enduits correcteurs thermiques (chaux-chanvre) ou encore des mortiers, durcit à l’eau, tandis que la chaux aérienne qui sert pour les enduits fins, stucs et badigeons en intérieur durcit à l’air. On dit qu’elle fait sa prise à l’air. Plus en détail, c’est au contact du CO2 dans l’atmosphère qu’elle fait sa carbonatation qui induit son séchage et durcissement.

Les périodes à favoriser pour l’application d’un enduit à la chaux sont donc généralement le printemps et l’automne. Il faut cependant distinguer les travaux extérieurs des travaux intérieurs.

enduits chaux intérieur extérieur

Concernant les travaux extérieurs, la chaux craint le gel. Dans les régions sujettes aux hivers rigoureux, on n’appliquera pas de chaux en cette saison. On pourra cependant l’appliquer en intérieur, dans un pièce chauffée (hors gel et ventilée pour la prise à l’air). Ici en Bretagne et Pays de la Loire, il ne gèle quasiment pas. Par conséquent, hormis les quelques semaines où cela peut arriver, on peut travailler en intérieur quasiment toute l’année.

Pour les enduits correcteurs thermiques, en général on attend le printemps : ils sécheront tout l’été avant d’accueillir la finition à l’automne.

Une petite astuce, c’est de travailler un enduit en intérieur avec les fenêtres fermées pour garder l’humidité de la pièce. Pour appliquer l’enduit, il faut de l’eau. Elle le rend souple et malléable. Un enduit à la chaux doit être fait d’une traite. Garder un peu d’humidité vous permet de le maintenir souple plus longtemps pour avoir le temps de le travailler. Cela s’appelle travailler à l’étuve (fenêtres fermées, pas de courant d’air).

A l’extrême inverse, on évitera d’appliquer un enduit à la chaux en période de canicule : d’abord parce que des restrictions d’eau s’imposent et ensuite parce qu’il risquera de sécher trop rapidement et vous n’aurez pas le temps de le travailler proprement.

En bref, maîtriser ‘humidité de la pièce, du support, mortier ou badigeon est la clé d’un travail soigné. Cela vous permettra de mieux gérer les reprises, l’épaisseur d’enduit et surtout l’aspect final désiré.

Et maintenant ?

Nous sommes en automne, proche de l’hiver, c’est donc le moment pour les finitions à la chaux en intérieur 😉 .

Le 1er décembre 2023, de 14h à 16h, rendez-vous à Biosfaire Nantes pour un atelier ouvert à tous sur l’application des stucs et des badigeons de chaux. Plus d’infos par ici.

Pour tout connaître de la chaux, consultez nos précédents articles :